Pensée des morts

Lamartine

Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon
Voilà le vent qui s’élève
Et gémit dans le vallon
Voilà l’errante hirondelle
Qui rase du bout de l’aile
L’eau dormante des marais
Voilà l’enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombe des forêts

C’est la saison où tout tombe
Aux coups redoublés des vents
Un vent qui vient de la tombe
Moissonne aussi les vivants
Ils tombent alors par mille
Comme la plume inutile
Que l’aigle abandonne aux airs
Lorsque des plumes nouvelles
Viennent réchauffer ses ailes
A l’approche des hivers

C’est alors que ma paupière
Vous vit pâlir et mourir
Tendres fruits qu’à la lumière
Dieu n’a pas laissé mûrir
Quoique jeune sur la terre
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison
Et quand je dis en moi-même
“Où sont ceux que ton cœur aime?”
Je regarde le gazon

C’est un ami de l’enfance
Qu’aux jours sombres du malheur
Nous prêta la providence
Pour appuyer notre cœur
Il n’est plus : notre âme est veuve
Il nous suit dans notre épreuve
Et nous dit avec pitié
“Ami si ton âme est pleine
De ta joie ou de ta peine
Qui portera la moitié ?”

C’est une jeune fiancée
Qui, le front ceint du bandeau
N’emporta qu’une pensée
De sa jeunesse au tombeau
Triste, hélas ! dans le ciel même
Pour revoir celui qu’elle aime
Elle revient sur ses pas
Et lui dit : “Ma tombe est verte !
Sur cette terre déserte
Qu’attends-tu ? Je n’y suis pas !”

C’est l’ombre pale d’un père
Qui mourut en nous nommant
C’est une sœur, c’est un frère
Qui nous devance un moment
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l’autre ravie,
Emporte une part de nous
Murmurent sous la pierre
“Vous qui voyez la lumière
De nous vous souvenez vous?”

Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon
Voilà le vent qui s’élève
Et gémit dans le vallon
Voilà l’errante hirondelle
Qui rase du bout de l’aile
L’eau dormante des marais
Voilà l’enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts

Ocaso em Madrid

Leni David

Puedo escribir los versos mas tristes esta noche

versos de Neruda
na tarde madrilena
um poeta solitário
de negro
no Parque do Retiro

ar pesado, mormaço,
um lemon granizado sobre a mesa
mãos que buscam a mão do companheiro…
casais de namorados,
velhos sem pressa
que passam
acordes de um realejo…

A tarde finda
prenhe de poesia:
vinte poemas de amor
e uma canção desesperada;
o pensamento
solto em fantasia
os olhos fixos
nas águas calmas do lago
onde se espelha
o Palácio de Cristal

Madrid, agosto de 1999.

VENTOS

A Leni David.

Vamos domar esses ventos
violentos todos.
Eles serão apaziguados.
Ficaremos bem.
São ventos que nos maltratam,
não há que deixá-los vir.
Vamos domar esses ventos,
todos violentos.

Diz-se habitar nossa mente.
São plurais e intolerantes.
Sabem quando estamos fracos,
nos espantam.
Os ventos nos espantam.
Vamos domar esses ventos
violentos.

Móveis símbolos psíquicos,
o que for: que os rechacemos.
Há que torná-los só ventos.
Não violentos. Só ventos.
Domados
ventos.

Antonio Brasileiro

Viagem

Uma música de Maysa, que Leni adorava cantar.

Viagem

Oh tristeza, me desculpe
Estou de malas prontas
Hoje a poesia veio ao meu encontro
Já raiou o dia, vamos viajar
Vamos indo de carona
Na garupa leve do vento macio
Que vem caminhando
Desde muito longe, lá do fim do mar
Vamos visitar a estrela da manhã raiada
Que pensei perdida pela madrugada
Mas que vai escondida
Querendo brincar
Senta nesta nuvem clara
Minha poesia, anda, se prepara
Traz uma cantiga
Vamos espalhando música no ar

Olha quantas aves brancas
Minha poesia, dançam nossa valsa
Pelo céu que um dia
Fez todo bordado de raios de sol
Oh poesia, me ajude
Vou colher avencas, lírios, rosas dálias
Pelos campos verdes
Que você batiza de jardins-do-céu
Mas pode ficar tranqüila, minha poesia
Pois nós voltaremos numa estrela-guia
Num clarão de lua quando serenar
Ou talvez até, quem sabe
Nós só voltaremos no cavalo baio
O alazão da noite
Cujo o nome é raio, raio de luar

Maysa Matarazzo